Imaginez la situation : C’est la fin de l’hiver, les animaux ont l’air en bonne santé, la production de lait semble normale, mais quelque chose ne va pas. L’éleveur ne le sait pas encore, mais le troupeau est assis sur une bombe à retardement. Une carence subclinique en vitamines n’est pas détectée et nuit tranquillement à la productivité et à la santé, jusqu’à ce qu’elle se traduise par des problèmes de santé coûteux, une baisse de la fertilité et des pertes financières considérables.
Ce scénario se déroule dans les exploitations agricoles du monde entier et coûte chaque année des millions de dollars à l’industrie agricole. L’un des coupables ? Les vitamines liposolubles A, E et le bêta-carotène. Il s’agit de nutriments essentiels que les animaux ne peuvent pas produire eux-mêmes, mais dont ils ont besoin dans leur alimentation pour être en bonne santé.
Le problème : quand les animaux « en bonne santé » ne le sont pas vraiment
Le professeur Florian Schweigert, fondateur de BioAnalyt et expert en nutrition animale, explique la nature insidieuse des carences en vitamines : « Ces nutriments s’accumulent dans les tissus et sont transportés dans le sang au fil du temps. S’ils ne sont pas nourris correctement, ils diminuent continuellement, provoquant une carence subclinique ».
La carence subclinique est le tueur silencieux de l’agriculture animale. Les animaux semblent en bonne santé en apparence, mais leurs niveaux de vitamines chutent dangereusement. Lorsque des symptômes visibles apparaissent, tels qu’une baisse de la vision, des troubles cutanés, un affaiblissement de la fonction immunitaire ou une baisse de la fertilité, le mal est déjà fait. Le rétablissement devient coûteux et prend du temps.
La cascade de conséquences

Lorsque les animaux manquent de vitamines A, E et de bêta-carotène, les effets se répercutent sur tous les aspects de la production. La santé reproductive est affectée par une fonction ovarienne et un développement lutéal médiocres, ce qui entraîne des taux de fertilité réduits, des intervalles plus longs entre les grossesses réussies et une descendance moins nombreuse par cycle de reproduction.
Le système immunitaire s’effondre et les animaux deviennent plus sensibles aux infections. Les vaches laitières connaissent des taux plus élevés de mammites, tandis que l’intégrité compromise des muqueuses réduit leur résistance aux maladies chez toutes les espèces.
La qualité des produits se détériore considérablement. La qualité de la viande et la durée de conservation diminuent en raison d’une mauvaise stabilité à l’oxydation. Dans les élevages de volailles, les jaunes d’œufs pâles ne répondent pas aux attentes des consommateurs. Dans les exploitations laitières, la production de lait compromise a un impact direct sur la rentabilité.
L’approche traditionnelle : Voler à l’aveuglette
Pendant des décennies, les agriculteurs et les vétérinaires se sont appuyés sur les calculs de formulation des aliments pour animaux pour estimer l’apport en vitamines. Mais comme le révèle le professeur Schweigert, cette approche est fondamentalement erronée : « La mesure de la concentration dans la formulation des aliments pour animaux n’a pas la même signification que la mesure directe dans le sang. De la production à la consommation, il y a des pertes et des effets sur la composition ».
Le processus traditionnel était lourd et lent. Un vétérinaire prélevait des échantillons de sang et les envoyait à des laboratoires éloignés pour des analyses complexes nécessitant un équipement coûteux. Les résultats étaient retardés d’une à deux semaines, ce qui signifie que lorsque les agriculteurs recevaient les informations, il était souvent trop tard pour prévenir les problèmes.
En raison de ce retard, les agriculteurs devaient toujours rattraper le temps perdu, traiter les problèmes au lieu de les prévenir.
Ce qui change la donne : La prise de décision en temps réel
La transformation est venue de la technologie des tests portables. Le professeur Schweigert décrit cette transformation : « Un vétérinaire ou un consultant en alimentation animale peut prélever un petit échantillon de sang sur la vache, obtenir le résultat en cinq minutes et immédiatement consulter et conseiller l’éleveur sur la marche à suivre.
Il ne s’agit pas seulement d’une question de commodité. Elle modifie fondamentalement la gestion de la santé animale en passant d’une approche réactive à une approche proactive. Les agriculteurs
peuvent désormais identifier les carences avant l’apparition des symptômes, cibler la supplémentation sur les besoins réels plutôt que sur des suppositions, surveiller de près les périodes à haut risque en fin de gestation et en début de lactation, et ajuster la nutrition en temps réel en fonction des changements saisonniers.
L’impact économique est considérable. Les exploitations peuvent éviter des épidémies coûteuses, optimiser les coûts des compléments en éliminant les sur- ou sous-compléments, améliorer l’efficacité de la reproduction, ainsi que la qualité et la valeur marchande des produits.
Histoires de réussite dans le monde réel
Les données sont éloquentes. Les études montrent systématiquement que les exploitations qui utilisent la surveillance des taux sanguins obtiennent des améliorations remarquables. Les exploitations laitières constatent une réduction des taux de mammites grâce à une supplémentation ciblée en vitamine E. Les taux de fertilité s’améliorent pour toutes les espèces grâce à l’identification et à la correction précoce des carences. L’amélioration de la qualité de la viande se traduit par une durée de conservation plus longue, tandis que les élevages de volailles obtiennent une meilleure qualité d’œufs grâce à des niveaux optimaux de caroténoïdes.
Le défi saisonnier
Le professeur Schweigert insiste sur les périodes de risque critiques : » Les saisons importantes à surveiller sont la période hivernale, lorsque les animaux sont nourris avec du foin ou des fourrages stockés et blanchis qui sont pauvres en bêta-carotène, et pendant la période de transition à la fin de la gestation et au début de la lactation, lorsque les niveaux sanguins chutent naturellement. »
Ces schémas prévisibles permettent aux agriculteurs d’anticiper les risques de carence et de mettre en œuvre des stratégies de supplémentation préventives. Ils peuvent surveiller de plus près les animaux vulnérables et adapter les programmes nutritionnels en fonction des saisons afin de maintenir une santé optimale.
Solutions spécifiques aux espèces
Tous les animaux ne sont pas égaux en ce qui concerne le métabolisme des vitamines. Le professeur Schweigert note des différences cruciales : « Les vaches ont généralement des niveaux élevés de bêta-carotène, tandis que les chèvres et les porcs n’en ont pas. Ces animaux sont appelés « animaux à graisse blanche » parce que même si vous leur donnez du bêta-carotène, vous ne pouvez pas augmenter leur taux sanguin.
Cette réalité biologique exige des protocoles d’essai adaptés aux différentes espèces, des stratégies de supplémentation personnalisées, des gammes de référence spécifiques aux espèces et une compréhension approfondie des différences métaboliques entre les animaux.
L’économie de la prévention
L’argument financier est convaincant. Le professeur Schweigert explique : « La valeur de la production animale réside dans la santé reproductive, le nombre de descendants produits et la qualité du lait et de la viande. Si vous mesurez et prévenez les carences subcliniques en vitamines, vous pouvez éviter des coûts élevés de perte de productivité avec un faible coût pour les analystes ».
Lorsque l’on examine l’analyse coût-bénéfice, les coûts de prévention impliquent un investissement minimal dans les tests et la supplémentation ciblée. Les coûts de traitement, en revanche, comprennent les soins vétérinaires, les pertes de production, la baisse de la fertilité et la mauvaise qualité des produits.
Regarder vers l’avenir
L’évolution se poursuit. Le professeur Schweigert envisage un avenir où « les analyses se rapprochent des animaux avec un spectre analytique élargi, mesurant non seulement les vitamines liposolubles mais aussi les marqueurs inflammatoires, les protéines de phase aiguë et de multiples paramètres en un seul test ».
Cette approche multiplex permettra une surveillance complète de la santé, une détection précoce des maladies, une gestion intégrée de la nutrition et de la santé, ainsi que des systèmes d’aide à la décision en temps réel qui révolutionneront les pratiques de gestion des exploitations agricoles.
L’appel à l’action
Le conseil du professeur Schweigert est simple mais profond : « Mesurez, ne devinez pas, en particulier dans les périodes à haut risque où la supplémentation régulière du régime alimentaire agricole ne suffit pas ».
Le message est clair. Dans un secteur où les marges sont étroites et la concurrence féroce, les agriculteurs ne peuvent pas se permettre de jouer avec des déficiences invisibles. La technologie existe pour faire passer l’agriculture animale d’une gestion réactive des crises à une optimisation proactive de la santé. La question n’est pas de savoir si les agriculteurs peuvent se permettre de mettre en place un contrôle des vitamines. La question est de savoir s’ils peuvent se permettre de ne pas le faire.
De la crise à l’opportunité
Ce qui n’était au départ qu’une histoire de carences cachées en vitamines révèle une vérité plus large sur l’agriculture moderne.
Les exploitations qui prospéreront au XXIe siècle ne seront pas celles qui se contenteront de nourrir leurs animaux. Ce seront celles qui comprendront, contrôleront et optimiseront la nutrition animale au niveau moléculaire.
Les outils sont disponibles. La science a fait ses preuves. Les avantages économiques sont évidents. La seule question qui subsiste est la suivante : Ferez-vous partie des pionniers qui adoptent la nutrition de précision ou resterez-vous vulnérables à la crise silencieuse des carences subcliniques ?
Le choix vous appartient, mais le temps n’attend pas. Chaque jour compte, et agir maintenant peut vous permettre de prendre de l’avance plutôt que de vous rattraper plus tard.
iCheck : La solution en action



Les analyseurs iCheck pour la vitamine A, la vitamine E et le bêta-carotène font de la vision du professeur Schweigert une réalité pratique. Ces appareils portables permettent d’effectuer des analyses de sang sur place, éliminant ainsi les retards des laboratoires et les obstacles réglementaires.
Les exploitations bovines utilisent iCheck Carotene pour optimiser la fertilité pendant les mois d’hiver. Les éleveurs de porcs détectent les carences en vitamine E immédiatement pendant les périodes critiques de sevrage. Les exploitations avicoles contrôlent les caroténoïdes pour optimiser la qualité des œufs tout en préservant la santé du troupeau.
Les tests effectués sur place évitent l’envoi international d’échantillons biologiques et réduisent les coûts jusqu’à 70 %. Plus important encore, les résultats obtenus en cinq minutes permettent de procéder à des ajustements nutritionnels immédiats au lieu d’attendre des semaines pour obtenir des rapports de laboratoire.
Le principe du professeur Schweigert, « mesurer, ne pas deviner », transforme aujourd’hui les exploitations agricoles du monde entier en systèmes de gestion sanitaire de précision, optimisant à la fois le bien-être des animaux et les performances économiques.
Références
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